Vous avez eu du bol de choper une belle parcelle comme ça
C’est une chance, oui ! Etre face au parc et à la Vilaine est très inspirant. Le grand Parc de Baud réalisé par Jacqueline Osty est une vraie réussite. Il apporte un contexte unique. Ensemble, avec notre maitre d’ouvrage Pierre Promotion et l’agence Line Up, nous avons relevé le défi à la fois du lieu et de l’ambition attendue notamment sur la qualité des logements.
C’était un souhait de l’urbaniste d’avoir une rupture de densité
Oui, l’immeuble amorce cette déclivité des hauteurs pour s’harmoniser avec l’échelle basse des logements intermédiaires et individuels. Le cahier des charges urbain souhaitait adoucir le front bâti sur la Vilaine et éviter un effet Manhattan.
Avec Baud Chardonnet j’ai l’impression que l’on est dans un laboratoire d’urbanisme ou la densité va être le thème central
J’ai lu des articles de presse assez critiques sur ce projet urbain, mais le dessin de l’agence Reichen&Robert fonctionne bien sur la ZAC. La densité est assumée et proche d’un centre-ville. La variété des façons d’habiter apporte beaucoup de qualités au quartier.
Ce ne sont pas vous les architectes qui êtes coupables des choix de densité, ce sont les politiques
Les politiques font face à une demande toujours plus importante de logements. A nous de travailler la densité. Nous assumons notre dessin, notre projet. Il ne s’agit pas de pointer du doigt la densité, mais de savoir comment la raisonner, comment la rendre aimable, habitable. Il y a un travail intelligent pour rendre un lieu vivant et habité. Les orientations des vues, les vis-à-vis, la politesse des gabarits, la gestion des vues principales et secondaires. Il faut que la lumière circule partout.
On ne se connait pas donc je n’ai aucune raison de vous lancer des fleurs, mais je trouve que vous vous en êtes bien tirés parce que dans votre réalisation il n’y a pas de coins cachés, des arrière-cours bâclées
Il n’y a aucune façade secondaire ; nous avons travaillé à 360 degrés. Il était important que les habitants puissent s’approprier la vue depuis chaque fenêtre. Le fait qu’il y ait un parking au rez-de-chaussée nous a aidé pour l’habitabilité des maisons sur jardin. Les vues sur ce parking sont filtrées pour ne pas voir les voitures. Le travail du paysage gère la mise à distance et permet de filtrer les vues des appartements en étages. Pierre Promotion tenait aussi beaucoup à cette qualité d’habiter. Ils ont été un vrai partenaire dans cette démarche.
Remarquez je me suis baladé à l’intérieur du programme et il y en a même un qui a mis un jacuzzi dans son jardin, c’est peut-être pour que tout le monde le voit dans ses bulles Lol
C’est bien la preuve que cette question du vis-à-vis est propre à chacun. Je crois qu’il y a des gens qui s’en moquent complètement, c’est une question de mentalité.
J’ai regardé votre site internet et vous avez un style de logements, vous êtes venu à Baud Chardonnet pour faire votre style
On n’est pas venu ici pour faire notre style comme vous dîtes, on a travaillé pour que ce projet ai du sens sur ce site. La particularité de notre projet est que le logement s’exprime en façade ! Nous avons aussi travaillé sur le logement augmenté entre guillemets c’est-à-dire plus d’espaces privatifs à l’intérieur comme à l’extérieur. Nous avons également travaillé sur la qualité des espaces communs. Les toits sont vivants ; une toiture offre un espace potager accessible à tous et une autre offre un lieu de convivialité pour se rassembler entre voisins. Toutes ces qualités devraient être considérées comme des invariants. C’est ce que défend entre autres le dernier rapport Girometti-Leclercq. Connaissez-vous ce rapport?
Non pas du tout
Il s’agit d’un rapport fait à la demande de la ministre du logement, Emmanuelle Wargon, visant à améliorer les qualités d’usages ciblées sur les besoins des habitants et à redonner le désir d’habiter. Ici, nous avons travaillé sur les espaces communs à partager sur les toits ou dans le cœur d’îlot, ainsi que sur les espaces privatifs extérieurs comme les balcons ou les terrasses dans le prolongement des espaces intérieurs pour augmenter l’espace de vie. A Baud- Chardonnet on a travaillé sur des simplex avec des doubles hauteurs, mais qui ne sont pas pour autant des duplex. En ajoutant du volume, cela confère le sentiment de ne plus habiter un simple appartement, mais une maison. On augmente l’apport de lumière naturelle et donc aussi la chaleur naturelle. Certains balcons ont une superficie de 10 à 15 m², devenant ainsi de véritables espaces de vie propices à la prise de repas, par exemple.
Vous êtes des précurseurs en matière d’habitabilité, les élus de Rennes Métropole vous ont pompés pour écrire le nouveau PLU
Absolument pas. La ville et l’aménageur ont bien sûr, et depuis longtemps, la préoccupation de construire des quartiers ambitieux et des logements de qualité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils nous ont accompagnés et soutenus dans notre démarche. Ces qualités sont de plus en plus présentes dans l’imaginaire collectif et doivent être des invariants pour tous les futurs projets dans le diffus ou en ZAC.
Votre immeuble c’est aussi une prouesse technique de construction parce qu’en même temps ce n’est pas un gros pâté, je le trouve très fin de l’extérieur
Nous avons beaucoup travaillé avec Line Up sur les échelles du bâti entre les logements intermédiaires, les maisons individuelles et le bâtiment plus élancé. Nous avons aussi veillé avec Ouest Structures, notre bureau d’études, à ce que la structure des grands balcons n’alourdisse pas le projet. Nous avons conçu des poutres retroussées servant d’assises pour les tables disposées sur les balcons.
J’adore votre petite passerelle très fine qui relie les deux immeubles, on dirait un cordon ombilical
Encore une des singularités du projet. Sur un des immeubles se trouve une terrasse partagée faisant office de potager collectif et sur l’autre une terrasse de convivialité. Nous voulions permettre aux résidents d’y accéder directement sans avoir à redescendre au rez-de-chaussée. Ces terrasses sont donc accessibles à tous.
