Stéphane Chalmeau, photographe d'architecture à Nantes

Photographe d’architecture c’est une vocation

Je suis devenu photographe d’architecture vraiment par hasard puisqu’initialement j’ai fait des études à l’école nationale d’architecture de Nantes et une fois diplômé j’ai postulé à un poste d’architecte au sein de l’agence AIA à Nantes.

C’est un curieux parcours, c’est comme un médecin qui deviendrait ambulancier

Je crois que la moitié des photographes d’architecture sont architectes, je pense que c’est lié au fait que la formation que l’on reçoit est très pluridisciplinaire, on retrouve aussi des architectes qui deviennent scénographes. Pour ma part avant de faire ces études j’étais déjà passionné de photo, je faisais même des photos de mariages, et lors de cet entretien d’embauche mon interlocuteur me propose non pas un poste d’architecte mais de photographier l’ensemble des collaborateurs sur les différentes agences du groupe.

Ah oui carrément, un boulot en or pour un photographe déjà confirmé et vous avez embrayé tout de suite

J’ai pris un temps de réflexion parce que je ne m’en sentais pas capable à brûle-pourpoint mais au bout de quelques semaines j’ai accéléré pour reprendre votre métaphore. Cela m’a pris plusieurs mois pour réaliser cette mission et dans la foulée l’agence m’a confié d’autres travaux plus en rapport avec l’architecture à tel point qu’après un certain temps ils m’ont proposé un emploi de photographe salarié au sein de l’agence que j’ai décliné.

C’était courageux de refuser une telle proposition

L’insouciance de la jeunesse sans doute, mais entre-temps j’avais développé une belle clientèle et je travaillais très souvent sur Paris pour un collectif d’archis très influents. De cette époque j’ai forgé mon style actuel d’intégrer des personnages sur les images, quand je shoote je peux attendre assez longtemps que passent des piétons, je ne suis pas un adepte des images où il ne se passe rien dans un ciel blanc. J’aime l’architecture, j’aime le contexte, j’aime que l’architecture soit occupée pour que cela ait du sens.

Au moins vous ne faîtes pas du packshot de bâtiments, parce que j’ai l’impression que ça devient une tendance, peut-être pour se passer des photographes et tout shooter avec des ordinateurs et de l’intelligence artificielle

La question va continuer à se poser de plus en plus au vu des avancées technologiques dans l’imagerie de synthèse et je pense que nous devons, nous les photographes, réaffirmer notre propre style.

Donc vous shootez à main levée comme Cartier-Bresson

Ça m’arrive avec mon M11 mais la plupart du temps je shoote avec une Alpa.

Ah le pied et quoi comme capteur

J’ai un IQ4 de 150 millions. En photo d’archi la gestion de la perspective est primordiale, avec cette chambre je suis à l’aise dans toutes les configurations et quelle que soit la focale utilisée.

Ah ben avec ce capteur pas de problème de bruit et de définition, mais vous ne flippez pas quand vous shootez dans des quartiers chelous

Curieusement je passe totalement inaperçu, les gens ne s’imaginent pas que je suis un photographe, on me confond plutôt avec un géomètre.

C’est une performance de shooter à l’Alpa et de faire des photos aussi spontanées et malgré tout assez peu retouchées on voit même des engins de chantier, je ne vois même pas de stacking focus alors qu’avec le Phase-One c’est hyper simple

Je retouche mais sans modifier les couleurs, je corrige les niveaux, les contrastes pour que l’image finale soit comme à la prise de vue, pour le reste tant ça n’interfère pas sur la compréhension de l’image et que ça place l’architecture dans le contexte, le tractopelle peut participer à l’esthétique de l’image.

Vous faîtes des boulots perso

Oui depuis très longtemps et depuis peu je m’intéresse au patrimoine du 20ème siècle, j’ai en projet d’éditer un livre.

Station de métro à Rennes #Berranger et Vincent architectes