Vous êtes président des offices d’HLM depuis 2018

Oui et j’ai déjà été réélu deux fois et c’est un scoop je le serai de nouveau pour 2024.

Comment vous êtes-vous retrouvé là

Je suis arrivé dans le logement social par le Conseil Départemental à la demande de Jean-Louis Tourenne lorsque la gauche a pris le pouvoir en 2004, puis lors de mes mandats de Député à l’Assemblée Nationale j’ai participé à toutes les commissions qui avaient trait au logement social bien que j’étais à la commission des affaires culturelles, j’ai été élu à la fédération des Offices Hlm, au Conseil Fédéral et également au comité exécutif pour l’habitât.

En fait dès 1977 vous êtes formaté par Edmond Hervé car le logement social c’était son épée Excalibur

Henri Fréville avait déjà orienté la ville dans cette direction en construisant les quartiers de Villejean et du Blosne. Il avait déjà mis en place la maîtrise du foncier, de 1962 à 1975 Rennes a vu sa population doubler. La politique menée par l’équipe d’Edmond Hervé fait honneur à la ville de Rennes, aujourd’hui encore c’est une référence nationale, il n’y a pas de comparaisons possibles avec d’autres grandes villes même si Lille, Nantes ou Strasbourg sont aussi très dynamiques sur le logement social.

Vous au moins vous n’avez pas rasé les éléments remarquables du patrimoine tel le château de Bréquigny

La première décision que l’on a prise a été de sauver les deux halles du marché des Lices qui initialement devaient être démolies pour y faire un grand parking. On a annulé l’extension du Colombier qui devait raser tout le quartier Arsenal Redon. En 1977 nous lançons l’opération HVS, habitat et vie sociale à Cleunay qui a déclenché une mécanique financière, en 1978 le budget alloué au logement social était de huit-cent-mille francs, en 1979 on l’avait passé à deux-cent-cinquante-mille francs et en 1980 on était à 5 millions de francs, soit environ huit-cent-mille euro, on a compris très rapidement qu’il nous faudrait beaucoup de financements.

Concernant les organismes de logement social, vu de l’extérieur pour un pékin comme moi j’ai le sentiment que c’est un gros sac de noeuds 

Il y a deux entités qui sont différenciées par leur statuts juridiques, d’un côté les Offices publics d’HLM de l’autre les SA d’HLM. Les SA d’HLM touchent des dividendes sur leur capital, actuellement c’est 4,5% ce qui est un très bon rendement, de l’autre les Offices publics qui n’ont pas de capitaux donc qui ne distribuent pas de dividendes. Pour en revenir au nombre d’organismes, à Rennes il y en a quatre, deux Offices qui sont Archipel et Neotoa et deux SA, Aiguillon Construction et Espacil, en comparaison à Lorient il y en a treize. Il est évident que moins il y a de structures, meilleure est l’efficacité dans la gestion et le service aux locataires.

Récemment dans l’actualité on a l’impression que vous avez voulu donner un coup de pied dans la fourmilière, il y a des tours de passe-passe dans le logement social

Le 1% logement est géré par Action logement, ce n’est pas 1% mais 0,45% qui est financé par la masse salariale des entreprises privées de plus de 50 salariés, ce sont des sommes conséquentes qui avoisinent les deux milliards d’euro par an. En tant que président national des Offices j’attire l’attention qu’il y a une loi qui précise qu’il y doit y avoir un principe de non discrimination des aides et le problème est qu’actuellement Action Logement qui représente un million de logements verse à ses filiales 72% des crédits alors que les Offices qui pèsent pour un peu plus de deux millions de logements ne touchent que 11%.

Du coup c’est plus du passe-passe c’est carrément de l’arnaque

J’ai prévenu tout le monde que j’allais entamer une procédure contre l’Etat et contre Action Logement sur le fait qu’ils ne respectent pas le principe de non-discrimination.

Mais quoi c’est du clientélisme, Action Logement c’est un monsieur

Non non, en fait Action Logement joue un peu les gros bras même si c’est un organisme dont la gestion est paritaire avec d’une part le Medef et d’autre part les syndicats ouvriers.

Vous n’avez pas peur de jeter le bébé avec l’eau du bain

Je vais aller au bout de ma démarche, pour le moment on demande des recours administratifs provisoires qui sont en quelques sortes des recours gracieux qui courent jusqu’au 27 novembre, si après cette date rien n’a bougé on ira en justice, pour les cinq prochaines années ce sera au Conseil d’Etat et sur les cinq dernières années au tribunal administratif de Paris.

Vous allez faire sauter la banque parce que les sommes doivent être importantes

Pour les cinq dernières années, on parle de près d’un milliard d’euros qui devront être attribués rétroactivement aux Offices HLM.

Ah oui c’est du lourd, vous n’avez pas peur de vous retrouver les 4 pattes en l’air au fond d’une bétonnière, Mdr

Si au final cela nous donne gain de cause et que cela sert le logement social je prends le risque sur ma personne. Malgré toutes les réunions que j’ai faites avec le président d’Action logement et la directrice générale nous n’avons jamais eu de réponses.

Cause toujours tu m’intéresses

Voilà c’est exactement ça. La loi est là et chacun doit la respecter

Qui tire les ficelles, ce sont les politiques qui sont à la manoeuvre

C’est le Medef qui veut se constituer un groupe puissant parce que l’on va vers une privatisation du logement social via des grandes foncières, tous les ans ce sont près d’un milliard d’euros qui gonflent le capital, si nous aux offices HLM on avait cette somme les choses seraient bien évidemment différentes concernant la construction et la réhabilitation thermique.

Patrice Vergriete le ministre délégué au logement il est quoi là-dessus

Il est absent, il parle de tout sauf du logement social.