Vous êtes designeuse plasticienne, comment s’articule votre travail

Mon travail se dessine autour de la collecte de matériaux, des formes et de la confrontation des matières et du rapport au récit. Je prélève des éléments dans mon environnement en milieu urbain ou naturel. Ça peut être aussi une trace sur support, un bois flotté, etc. À partir de ces formes, je vais créer un vocabulaire pour produire des objets.

Quelle est votre formation

J’ai suivi un enseignement à l’EESAB, l’école européenne supérieure d’Art de Bretagne, avec une spécialité de design. Ce qui m’intéresse c’est de penser un objet par un rapport aux matières naturelles, comme la terre, le bois, les végétaux, le textile, le verre. Mais surtout je développe une pratique qui part d’un territoire et de la collecte.

C’est votre projet de fin d’études qui vous a lancé

Mon projet de fin d’études je l’ai fait en collaboration avec le restaurant Bercail rue St-Melaine à Rennes avec les deux chefs cuisiniers Sibylle Sellam et Grégoire Foucher . « Faire avec » c’est un ensemble d’objets conçus pour un repas-territoire.On a imaginé un repas à partir de cueillette sauvage dans des sites autour de Rennes, qui vont de la côte à l’intérieur des terres, du salé au sucré. Pour ce travail j’associe aussi la collecte de matériaux et j’ai prélevé des éléments (matériaux, formes) qui m’ont permis de réaliser les objets pour le repas, des assiettes/plats (vocabulaire organique), carafes/contenants (vocabulaire géométrique), ustensiles/couverts… en analogie à ces territoires, en travaillant la faïence, le bois et le verre. Ces différents objets s’assemblent, se confrontent, se croisent.

Bon mais la forme de l’assiette est assez entendue depuis le temps

Oui et non, inventer des objets, c’est aussi inventer des situations, des récits. Pour « Faire avec », mon diplôme est devenu aussi un repas à partager en lien avec les objets inventés. Cette dimension m’intéresse, penser des objets et des actions qui puissent les activer de façon particulière. Ce qui m’intéresse aussi  c’est comment d’une même forme peut se transformer et se décliner comme par exemple que le contour d’une assiette puisse devenir en volume une carafe.

Vous n’avez que 26 ans, vous n’avez pas envie de poursuivre votre formation

J’ai envie de produire des pièces et continuer de cette manière ma formation aux travers des expériences à venir. Je postule aussi à des résidences d’artistes/designer pour avoir des temps de recherche associés à un endroit spécifique. Je suis arrivée finaliste d’un concours pour une résidence dans la ville de Saïda au Liban, le projet était de travailler sur une série d’objets dédiés au repas qui seraient en lien avec les éléments de la ville que je prélève autour de moi ou dans les récits qui sont en lien avec l’histoire du lieu, une phase d’arpentage des lieux et de rencontres qui permet de développer un premier vocabulaire de formes. 

Vous avez déjà des contacts professionnels

Je commence à avoir quelques contacts avec des professionnels en architecture d’intérieur et Sibylle Sellam et Grégoire Foucher viennent de fermer leur restaurant Bercail, pour démarrer un autre projet. Ils développent un terrain de maraichage, et une production de pain. En parallèle ils ont rejoint leur équipe partenaire, au restaurant Pénates. Sibylle m’a proposé de réaliser un ensemble de plats à partager. J’expérimente le grès pour sa résistance à un environnement de restaurant et commence à imaginer ce que pourrait être cet ensemble.