Avec votre super CV, vous auriez pu bosser dans le privé et vous faire un max de blé et pourtant on vous retrouve dans le logement social

Je suis tombée dedans un peu par hasard c’est devenu effectivement un engagement personnel, même si de temps en temps j’ai fait quelques pas de côté je suis toujours revenu dans ce métier qui est de fabriquer des solutions d’habitat à destination des plus modestes qui sans notre action ne pourraient pas avoir accès à un logement de qualité et encore moins en accession à la propriété.

Cap Accession c’est quoi exactement, c’est un bailleur social

Non c’est une coopérative qui crée des projets immobiliers, de la construction jusqu’à la livraison de logements afin d’aider des personnes à faibles et moyens revenus d’accéder à la propriété. La coopérative a été créée en 2004 et a bientôt 20 ans d’existence. Une coopérative, c’est une gouvernance particulière, avec différents collèges représentant les parties prenantes, salariés, entreprises, collectivités, habitants. Les associés sont des personnes physiques ou morales.

Moi par exemple je pourrais y rentrer si je mettais de l’argent au pot

Oui, (mdr) pour les personnes physiques on peut acheter une part pour 20€. L’idée c’est aussi d’associer les futurs habitants dès la conception des logements dans des projets d’habitat participatif, avec la perspective de rejoindre la gouvernance de la coopérative s’ils le souhaitent.

Les banques vous suivent gentiment

On a des bons rapports avec les banques qui nous accompagnent, en revanche aucune n’est directement associée à la coopérative.

On peut au moins défiscaliser

Non mais vous serez rémunérés selon un barème très réglementé, vous pouvez nous confier votre livret A si vous voulez, Lol, nous sommes une coopérative notre but est d’équilibrer nos comptes pour continuer de construire et d’apporter des solutions d’habitat, et non de nous enrichir pour nous enrichir !

Au défaut d’être une machine à cash, vous produisez combien de logements par an

Aujourd’hui nous produisons sur le Pays de Rennes environ 150 logements par an, nous avons une vingtaine de programmes en cours, qui nous amèneront à horizon 2025 à une production de 200 logements par an. Notre cœur de métier, c’est l’accession sociale à la propriété. Nous produisons environ 30 % des logements en location-accession sur le département d’Ille et Vilaine.

J’imagine que vous avez une photo de Macron quelque part dans votre bureau puisqu’il est l’initiateur du BRS, Lol

Le Bail Réel Solidaire est effectivement un de nos leviers et le sera de plus en plus sur la métropole rennaise dans le cadre du nouveau PLH 2023-28, mais nous utilisons aussi le PSLA, Prêt Social Location Accession, c’est un produit très rassurant pour les accédants qui leur laisse le temps de bien rentrer dans leurs murs, on fait aussi de l’accession libre mais plus pour équilibrer nos projets dans leur globalité, on ne dépasse pas 10 à 20% de nos opérations en libre généralement. Avec les coûts de construction qui ont flambé ces trois dernières années, on équilibre très difficilement un programme en 100% social.

C’est ce que vous avez fait à la Résidence Boréale

C’est une opération qui est 100% en BRS regroupée dans une cage d’escaliers qui s’inscrit dans un projet plus global avec Lamotte, nous sommes en co-maîtrise d’ouvrage. Nous avons trouvé un  compromis pour équilibrer l’opération  au global, en travaillant une péréquation avec notamment le coût du sous-sol (places de stationnement).

Ce système a ses limites il est même un flippant pour les classes sociales aisées qui s’il est généralisé ne pourront plus spéculer sur le foncier et donc s’enrichir rapidement, d’ailleurs je me demande si les riches en sont conscients

Avec le BRS qui dissocie le bâti du foncier, c’est la question de savoir si le foncier ne doit pas rester d’intérêt collectif et administré par les collectivités en tant que puissance régulatrice. Ceci dit, de plus en plus d’organismes créent leurs propres structures de portage du foncier, les bailleurs sociaux ont leurs OFS, offices fonciers solidaires et les promoteurs privés s’y mettent aussi.

Autre bémol au BRS, si on se projette dans 50 ans et qu’un jour on décide de raser la résidence Boréale, ce sera un sacré pataquès de mettre tout le monde d’accord au sein de la copropriété entre ceux qui auront le foncier et la plus value au bout et ceux qui n’auront que les murs sans plus value

Vous mettez, peut-être innocemment (lol), le doigt sur un point qui n’est pas encore totalement élucidé, d’ailleurs les avocats et les notaires commencent à travailler sur ces questions parce qu’avant d’imaginer la démolition il y a déjà les problèmes courants inhérents aux familles, les divorces et les décès, problématiques de succession, etc.  Le système va forcément évoluer, par exemple très concrètement nous travaillons en ce moment sur un projet d’habitat partagé qui doit mixer des habitants éligibles au BRS et d’autres non, avec la municipalité concernée nous réfléchissons à un système hybride. La notion de propriété du foncier est très culturelle et dans ce cas précis aucun des habitants ne sera propriétaire du foncier et cela met tout le monde sur un pied d’égalité, au moins du point de vue du rapport à la terre.