Dans votre book vous montrez beaucoup de photos aux levers et couchers de soleil
C’est vrai que le matin à la fraîche on n’est gêné ni par les passants ni par les véhicules, quoique des fois un personnage permet de montrer l’échelle, en général je ne mets pas en scène j’attends qu’un habitant prenne la pose. Pour faire un shoot de bâtiment j’arrive toujours très tôt le matin, voire la veille et je cours toute la journée après la bonne lumière, je n’hésite pas à repasser plusieurs fois au même endroit pour capter l’instant décisif, ça se joue parfois à quelques minutes.
Je ne pensais pas que c’était aussi sportif de faire des photos d’archi
Comme tout le monde j’ai un podomètre dans mon téléphone, mon record c’est 28km en une seule journée avec mon Fuji GFX100 et mon trépied, sans compter que parfois si le budget le permet je shoote aussi en argentique avec ma chambre 4×5, avant je le faisais presque systématiquement mais vu que le prix de la pellicule a explosé je le propose en option à mes clients.
Vous êtes encore jeune, c’est curieux cet attrait de la pellicule argentique
C’est entre guillemets une déformation de ma formation à l’école des Gobelins. L’apprentissage était très poussé sur les prises de vues argentiques et les tirages en laboratoire tout en ayant une formation extrêmement pointue sur la maîtrise de Photoshop, c’est pour ça qu’aujourd’hui je maîtrise totalement la post-production, sachant qu’à l’école des Gobelins on nous enseignait que meilleure est l’exposition de la lumière, plus simples seront les corrections chromatiques. D’ailleurs je shoote avec un Fuji parce que ses optiques se rapprochent le plus de l’argentique.
J’aime beaucoup votre travail personnel sur les bâtiments historiques, principalement de Paris, qui sont shootés sous la neige ou dans le brouillard, vous poussez au max le diaph sur les lumières diaphanes
Je voulais sortir du cliché carte postale et porter un regard poétique sur des lieux emblématiques de la capitale. Sur cette série je cadre très large ce qui me permet d’avoir des ciels presque immaculés.
Vous êtes photographe par formation très poussée, sans doute aussi par passion comme pour la plupart, la photo d’archi est arrivée comment
Je suis venu à la photo d’archi un peu par hasard, avant de par ma formation aux Gobelins j’étais un photographe généraliste, suite à un travail personnel sur les sous-sols de la Défense, deux amis d’enfance qui travaillaient dans un cabinet d’archi m’ont proposés de faire des photos pour leur agence et de fil en aiguille par le bouche-à-oreille j’ai développé une large clientèle sur toute la France. Je pense que pour se démarquer un photographe doit prendre un parti pris iconographique, j’essaye d’axer le mien sur la poésie et sur la justesse de la lumière et des cadrages, j’essaye toujours de proposer des vues personnelles qui parfois peuvent surprendre les architectes eux-mêmes qui n’avaient pas imaginer telle ou telle perspective, les architectes sont globalement ouverts à l’esthétisme de l’image et moi en parallèle j’aime de plus en plus l’architecture, mon regard se pose aussi de plus en plus sur la connaissance de l’urbanisme et sur les espaces paysagés.
C’est pas trop difficile de naviguer en permanence dans une univers urbain comme Paris
Comme je l’évoquais précédemment, la végétation est de plus en plus présente dans les réalisations urbaines, elle prend presque une position centrale et les architectes y sont manifestement de plus en plus attentifs et j’y pose un œil de plus en plus photographique. En revanche je ne retouche pratiquement jamais les pelouses sauf s’il manque un mètre carré de gazon, je n’ai pas de banque d’archives de buissons, je préfère shooter une terre brute. Je ne suis pas né à Paris mais dans l’Est de la France où les balades en forêt étaient mon quotidien. Effectivement c’est pas toujours facile de prendre des photos dans les rues, on dérange rapidement certaines personnes qui préfèrent rester discrètes, j’avoue que je ne suis pas du genre téméraire.
>travail personnel
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