Je vous remercie d’avoir accepté ma demande d’interview parce que vous avez un sacré CV, vous êtes une grosse pointure de la photographie de décoration, vous collectionnez les Unes de magazines comme ELLE décoration, Figaro Madame, AD magazine, Forbes, Vogue et j’en passe
Si vous le dîtes……Effectivement je travaille dans le monde entier pour des revues de décoration. En fait, j’ai commencé ma carrière de photographe en Australie, j’y suis arrivée d’une manière assez cocasse à l’occasion d’une convalescence pour un palu que j’avais attrapé en Asie du sud-est. J’ai été soignée dans un hôpital de Sydney et cette ville  m’a tellement plu que j’y suis restée 9 ans. Dans une vie précédente j’étais ingénieure en génie mécanique, et très rapidement j’ai suivi des cours de photographie, d’abord au Canada pendant mes études puis en Australie avant de me lancer professionnellement, je précise que j’ai tout appris en argentique.
Vous shootez toujours un peu en argentique
Non plus du tout ou tout du moins plus du tout professionnellement, il m’arrive de shooter en films avec mes enfants …  Je suis passée au numérique il y a 15 ans environ et aujourd’hui j’ai un Phase One IQ160, un excellent capteur, mais de cette époque j’ai quand même gardé l’attention que l’on portait à chaque prise de vue, je prépare longuement chaque prise de vue.
Vu la notoriété de vos clients j’imagine que vous travaillez en équipe
Ah oui tout à fait, et même très souvent une grosse équipe, j’ai un assistant lumière et un assistant digital, une styliste et ses assistants, sur les gros dossiers il peut aussi y avoir un régisseur qui s’occupe de la prod, il ne faut pas oublier non plus le directeur artistique si c’est pour une agence de publicité, l’agence de pub, et les clients.
L’assistant lumière est une pièce maîtresse de votre dispositif de prise de vues
On travaille main dans la main, il faut bien imaginer que l’on construit entièrement la lumière, c’est aussi une exigence que j’ai gardé de l’époque de l’argentique. La lumière du jour doit être soutenue par un ensemble de sources lumineuses.
Et pourtant ça ne se voit pas
C’est bien toute la difficulté et en même temps toute la satisfaction. Le rendu des matières, des boiseries, de la  marqueterie de paille, des tissus soyeux est intimement lié à la qualité et au dynamisme de la lumière.
Vous travaillez aussi pour de la publicité, vous avez de la chance de gérer des boulots comme ça aussi prestigieux
C’est pas de la chance, c’est beaucoup de travail en amont sur des années, c’est une somme de compétences accumulées qui rassurent les clients parce que souvent les conditions de travail dans des lieux très prestigieux sont très limitées dans le temps, les plages horaires de photographies sont chronométrées à la minute près.
Sur votre site on ne trouve pas de photographies d’architecture à proprement parlé
C’est vrai que je n’en ai pas mis en ligne même si j’en fais de temps en temps, en fait je ne prospecte pas et donc je travaille en fonction de mes commandes et on me sollicite assez peu pour ce genre de prises de vues.
Vos travaux personnels notamment à l’hôpital de Vannes, sont très éloignés de votre environnement professionnel, même si de temps en temps vous faîtes des portraits de décoratrices ou de designeuses
Pour le groupe Marie-Claire en Australie, j’ai commencé par faire des portraits de célébrités. Lors du confinement une de mes amies médecin était en première ligne pour la gestion du Covid à l’échelle du Morbihan. J’ai proposé à l’hôpital de Vannes de faire des portraits des équipes soignantes dédiées au Covid, les conditions sanitaires étaient drastiques et malgré tout avec l’aide d’un assistant lumière ultra pointu qui est lui aussi originaire de Vannes, j ’ai pu réaliser ces clichés qui sont exposés devant l’hôpital, cela a été une expérience très émouvante.