Votre bâtiment est assez peu apprécié des rennais, d’aucuns le jugent assez banal et pourtant il est en adéquation avec votre démarche initiale 

Effectivement on a cherché à faire un bâtiment assez anonyme, le concours d’architectes remonte à 2005 et à cette époque la Ville de Rennes était globalement dans une recherche de constructions plus marquantes. Nous on pense qu’un immeuble doit s’inscrire dans le temps long et doit s’éloigner des effets de mode assez temporaires.

Vous avez eu du bol que la Ville fasse un noeud à son mouchoir et accepte votre projet qui était à l’opposé de ses attentes, d’autant que son emplacement hyper central était propice à un édifice signal

La preuve qu’on a bien défendu notre geste architectural banal. Je pense qu’on a eu raison d’insister parce que cet immeuble s’inscrit très bien dans son environnement, comment il construit le quai et comment il achève la place, c’est pour cela que l’on a souhaité avoir un bâtiment un peu faible au sens esthétique. On a réutilisé le soubassement, le corps du bâtiment, le toit et les cheminées des autres constructions.

Il faut dire aussi que c’est un bâtiment assez spécial parce qu’en partie basse c’est une sortie de Métro et en partie haute il y a 12 logements

Le socle en béton est une infrastructure au service de la place St-Germain avec la sortie de métro, le commerce, des transformateurs électriques, des réseaux pour le marché, des ouvrages pour la régulation hydraulique de la Vilaine. On ne voulait pas que ces contraintes s’affirment en tant que genre architectural, on a donc opté pour la simplicité qui intègre les contraintes plutôt que l’inverse.

Vous êtes un peu sévère avec vous-même, je trouve que ce bâtiment mérite d’être regardé avec plus d’attention, on dirait qu’il est taillé à la hache

Je reconnais qu’il a une certaine présence de par sa géométrie, la taille des fenêtres, il prend toute la place de la parcelle. C’est vrai qu’il est un petit peu monolithique, son caractère brutaliste ne me choque pas du tout, le choix des matériaux assez bruts que ce soit le béton ou le bois, sa couleur neutre grise avec le zinc de toit gris. Si ses références globales sont en adéquation avec les bâtis anciens de la place, chaque détail est traité de manière contemporaine, les appuis de fenêtres, la taille des fenêtres, les garde-corps. 

Les façades sont perturbantes, l’oeil ne s’accroche pas sur l’uniformisation caserniste des fenêtres, surtout des immeubles contemporains

Effectivement les fenêtres ne sont pas ordonnées comme dans un immeuble classique, ici elles sont adaptées au plan à l’usage des appartements, donc au final chaque appartement est un peu différent.

Pour en revenir à l’intégration du bâtiment dans son environnement ce qui saute aux yeux c’est le jeu des cheminées, d’ailleurs c’est assez rare de voir un bâtiment contemporain avec des cheminées même si dans les vôtres il n’y a pas de fumée à sortir

On aurait souhaité doter chaque logement de la possibilité d’y installer un poêle à bois mais le bailleur n’a pas voulu, dans les cheminées il y a les ventilations des appartements et celles du métro.