Quel a été votre parcours d’étudiante

Initialement, je me destinais aux métiers de l’archéologie et c’est pourquoi j’ai fait ma maîtrise sur les pointes de flèche des tumulus armoricains. Puis, pour différentes raisons, j’ai bifurqué vers l’architecture et j’ai fait ma thèse sur les activités artisano-industrielles ayant pris lieu dans le bassin versant de la Rance de 1800 à 1914 en abordant ces activités sous l’angle de l’histoire, de l’architecture, du paysage et du patrimoine. Ce qui m’a toujours motivée c’est, d’une part, le travail de terrain et, d’autre part, la pluridisciplinarité induite par l’archéologie comme par l’histoire de l’architecture telle que je l’ai envisagée. Ensuite, j’ai obtenu ce poste de maître de conférences, avec des enseignements en Histoire de l’architecture contemporaine et en patrimoine industriel

Comment vous est venue l’idée de créer ce Master

En 2009, j’ai voulu élargir mon champ d’activité en créant ce master Restauration et réhabilitation du patrimoine bâti, REPAT devenu aujourd’hui Restauration et réhabilitation du patrimoine bâti et des sites, REPATS. Les enseignements de M1, qui font partie d’un tronc commun, ont été ouverts à la rentrée 2009 et le M2, en tant que parcours à part entière du Master Histoire de l’art, a ouvert en 2010. L’idée était d’intégrer une part plus importante de terrain dans le cursus des étudiants, d’associer pratique et théorie, donc d’associer universitaires et professionnels du patrimoine dans une logique de recherche pour et avec la société, notion très à la mode aujourd’hui mais qui, il y a 15 ans n’était pas d’actualité. Deux autres principes sous tendent cette formation : une spécialisation claire sur le patrimoine bâti et patrimoine mobilier directement associé et une ouverture de la formation au patrimoine bâti de toutes les époques, protégé et non protégé.  

Avez-vous répondu à une demande des institutions du patrimoine et quelles ont été leurs réactions à votre initiative 

Non, je n’ai pas directement répondu à une demande des institutions du patrimoine mais, en revanche, lorsque l’idée de ce master m’est venue, je suis allée rencontrer pratiquement tous les acteurs du patrimoine présents à Rennes : des acteurs institutionnels, associatifs ainsi que des architectes du patrimoine, afin de leur soumettre le projet et de préciser avec eux les attendus d’une telle formation et les objectifs à atteindre. Tous ont confirmé l’intérêt du master et des grandes orientations que je souhaitais mettre en place et beaucoup m’ont épaulée dans cette aventure et sont toujours très présents aujourd’hui. Sans eux, cette formation n’aurait pas été et ne serait pas ce qu’elle est, et je les remercie tous très vivement. 

Et pour ce qui est des instances pédagogiques

Disons que l’on m’a regardée avec curiosité, un peu dubitativement, en se demandant bien où j’allais comme ça, avec cette proposition qui sortait des cadres établis mais globalement on m’a laissé faire. Je pense qu’aujourd’hui, au regard des résultats obtenus et du très bon taux d’insertion des étudiants REPATS, ce master, dont la formule reste originale dans le monde universitaire, a trouvé sa place à Rennes 2, et il bénéficie aujourd’hui d’une véritable reconnaissance dans le milieu du patrimoine.

Comment sélectionnez vous les étudiants  

Les étudiants du master REPATS viennent de différents horizons et de différentes formations initiales, cette mixité est une richesse, les étudiants échangeant leurs expériences, connaissances, compétences, vision du patrimoine, dans le cadre de la formation et s’enrichissent donc mutuellement. Les métiers du patrimoine sont des métiers-passion, qui nécessitent un fort engagement. Donc la motivation, le dynamisme, la capacité à prendre des initiatives, la volonté de s’engager dans ce que l’on fait, sont des éléments très importants pour intégrer le master REPATS. J’ajouterai aussi le savoir-être en REPATS, on n’écrase pas les autres pour réussir, au contraire, on réussit ensemble. Pour cela, les projets d’année, qui constituent la colonne vertébrale de la formation, sont aussi très formateurs, ça n’est pas toujours facile en fonction des personnalités en présence, mais on y arrive toujours et je pense que c’est une compétence importante que les étudiants acquièrent ainsi, d’ailleurs, j’ai de bons retours à ce sujet de la part des professionnels qui accueillent les étudiants en stage.   

Avez-vous dans le futur d’autres idées d’enseignement pédagogique 

J’ai plein d’idées et il y a encore matière à développer les choses, on pourrait aller plus loin, mais il y a parfois des freins à l’initiative et pas toujours les budgets pour non plus.

De gauche à droite sur la photo avec Marc Hervé, le plus vieux au centre, 1er Adjoint de la Ville de Rennes et adjoint à l’urbanisme : Tom Dugard, Lorena Manceau, Carmen Houdeville, Hélie Démelin lors de la restitution de leur sujet de Master 2 qui était une opération d’Inventaire de l’ancienne rue de Nantes à Rennes

DELPHINE GALLOY, directrice adjointe de la culture, du patrimoine, des archives et des musées à Rennes Métropole

J’imagine que c’est un formidable levier pour Rennes Métropole d’avoir ce master sur Rennes concernant le patrimoine, en amont comment vous travaillez avec l’université, est-ce vous qui rédigez le sujet d’études et celui-ci rejoint-il un besoin direct pour vous

La collaboration avec le Master REPATS et l’Inventaire régional constitue en effet une opportunité pour les services de Rennes, Ville et Métropole, en particulier la Direction de la culture et la Direction de l’aménagement urbain et habitat, d’enrichir notre connaissance sur le patrimoine bâti du territoire grâce au travail de terrain réalisé par les étudiants selon la méthodologie de l’Inventaire, d’une part, et de partager cette connaissance grâce aux outils de diffusion en ligne de la Région, d’autre part. Cette connaissance permet de nourrir les projets de recherche et d’exposition dans nos équipements culturels, Musée des Beaux-Arts, Musée de Bretagne, écomusée de la Bintinais, ainsi que les projets urbains. Le terrain d’étude est choisi chaque année en concertation entre nos services, la Région et Rennes 2. Il s’agit de trouver des sujets formateurs pour les étudiants, réalisables sur un temps limité et en lien avec les projets de Rennes, Ville et Métropole pour donner aux exercices des étudiants une dimension concrète, dans la perspective de leur formation professionnelle.

Quelles ont été les études précédentes et quelles seront les prochaines

Les étudiants ont travaillé sur le quartier des Mottais et l’architecture des années 1920 en 2020-2021, puis le quartier sud-gare et l’architecture des années 1920 en 2021-2022, puis le quartier de la ZAC Patton et l’architecture des années 1960-1070 en 2022-2023. Nous n’avons pas encore choisi le sujet rennais pour l’année prochaine