J’ai passé de très bons moments à faire cette excursion à la fois champêtre et lacustre en découvrant les étangs, les villages et les oeuvres
Dès le départ de la création de l’association nous sommes inscrits à établir ce lien entre les étangs et la nature, ce côté intimiste nous le revendiquons.
Vous le revendiquez tellement que cela s’apparente presque à un jeu de piste déjà de repérer les étangs et ensuite de trouver l’oeuvre
Oui c’est vrai que nous ne faisons pas beaucoup d’efforts sur la signalétique, c’est une découverte qui se mérite, nous sommes aussi une association de bénévoles et nous faisons avec les moyens du bord, en premier lieu nous privilégions les rencontres avec les artistes et les aidons à réaliser leur création en tenant compte des impératifs locaux. Les étangs sont des milieux fragiles, il nous faut respecter la flore et la faune quitte parfois à déplacer l’installation de l’œuvre ou à réduire sa taille initiale.
C’est aussi une performance de travailler sur ce milieu si naturel
Chaque étang est unique, il nous faut prendre en compte l’accessibilité de l’artiste, des équipes techniques et des visiteurs, nous nous adaptons à la profondeur de l’eau, à la vase. Dans le cas de l’installation de Mireille Fulpius à Châteaubourg l’eau a été vidée parce qu’il s’agit d’une propriétée privée et que l’étang est très petit, présentement c’était une collaboration avec l’opération Jardin des Arts à Armilin’, ceci-dit l’installation a été très physique.
Aujourd’hui vous jouissez d’une certaine notoriété
Oui les artistes échangent entre eux car c’est un milieu assez restreint et le plus souvent ce sont les municipalités qui nous contacte en amont, nous essayons de grouper les installations dans un périmètre proche pour que les visiteurs puissent se déplacer facilement.
Je trouve un peu dommage que les oeuvres ne soient pas exposées au plus grand nombre pour qu’elles soient plus en relation avec un environnement urbain
Effectivement cela pourrait être une évolution tout en gardant ancrée notre démarche première. Très récemment nous avons été contacté par la ville de Massy près de Paris, et nous serions ouverts à d’autres demandes de municipalités urbaines, sachant que le travail préparatoire en amont est assez long, il faut aussi des moyens financiers conséquents pour la réalisation technique et définir la démarche artistique globale même si nous laissons beaucoup de liberté créative aux artistes.
>Pierre Alexandre Rémy à St Aubin du Cormier
>Mireille Fulpius et Sylvie Bourcy à Chateaubourg
>Elparo à Liffré
>Myriam Du Manoir à Marcillé-Robert ( à suivre en bas de page l’entretien avec l’artiste)
A Marcillé-Robert votre oeuvre met en scène 5 oiseaux migrateurs, un peu dans la veine des 5 oiseaux migrateurs que vous aviez conçus à Taïwan en 2010
Ce n’était pas mon idée de départ de créer ces oiseaux à Marcillé-Robert, je pensais réaliser des bactéries géantes pour illustrer la fragilité aquatique des étangs mais les membres du Conseil Intercommunal avaient aimé ce travail et ils m’ont convaincu de le prolonger chez eux, bien sûr au final je suis très heureuse de ce choix.
D’autant que leur souhait est que l’oeuvre puisse rester en place plusieurs années
Effectivement et c’est une difficulté de créer une œuvre légère en bambou sans qu’elle ne soit balayée par la première bourrasque hivernale, j’ai donc pris mes précautions notamment dans les attaches et le socle.
Il y a aussi le niveau d’eau de l’étang qui est une variable
Oui selon les habitants le niveau de l’étang devrait être de plus d’un mètre par rapport à son niveau actuel, je pense que cela sera positif sur la perception de l’œuvre qui y gagnera en légèreté en masquant le support.
Quand on parcourt votre travail on sent une sensibilité exacerbée à la fragilité de la nature
J’ai une formation assez panoramique parce que j’ai fait une école des Beaux Arts et ensuite une formation technique dans l’agriculture, pourtant je ne me sentait pas du tout à ma place dans ces schémas de production intensive et rapidement je me suis orientée vers l’écologie et la préservation des espaces naturels enfin j’ai pu réunir mes deux compétences et commencer à créer ces oeuvres qui sont des odes à la nature.
Vous vous attachez à exploiter les ressources naturelles présentes in situ et vous passez allègrement des branches épineuses à des bouts de bois ou même des plantes herbacées
Parfois je prends même aussi la terre pour réaliser des moulages, comme mon idée est de préserver la nature je ne la dénature pas.
Je suis assez admiratif de votre travail qui est quand même la plupart du temps fragile et éphémère
Oui c’est vrai , cela reste éphémère même si souvent des œuvres perdurent plus longtemps que je l’aurais imaginé. Cela arrive que des personnes me demandent de leur réaliser des œuvres éphémères, je le fais mais sans tomber dans une production systématique en général cela se limite à quelques exemplaires.
Perso j’aimerai voir vos oeuvres plus proches des cités urbaines, si des urbanistes audacieux vous le demandaient vous pourriez l’envisager
Oui mes créations peuvent parfaitement s’inscrire dans un paysage urbain et j’y serai d’autant plus sensible qu’elles pourraient faire prendre conscience aux habitants des villes de la fragilité des espaces naturels.